Adaptation, atténuation et résilience : leviers et bénéfices pour la santé
Le changement climatique, tout comme la crise de la biodiversité, est aujourd’hui au centre des préoccupations mondiales. En 2024, la température mondiale a franchi le seuil symbolique des +1,5°C fixé lors de la COP 21. 2022, 2023 et 2024 ont été les années les plus chaudes jamais enregistrées pour la Région Sud. Cette évolution rapide a déjà des effets visibles, qui continueront à se multiplier dans les décennies à venir, impactant la nature, les activités socio-économiques et la santé des habitants.
Les conséquences sur la santé humaine sont multiples et complexes. Il y a des effets directs (victimes, destructions d’infrastructures, etc.) liés aux évènements climatiques extrêmes qui s’intensifient, vagues de chaleurs, pluies intenses, incendies. Ces évènements peuvent également être responsables de stress posttraumatiques voire de dépressions sévères s’ils ne sont pas pris en compte. Il existe également des effets qui peuvent considérés comme indirects via les effets de la hausse des températures sur la biodiversité qui sont susceptibles d’avoir des répercussions sur la santé, maladies vectorielles (dengue, chikungunya …), sensibilité accrue aux pollens etc. ou par les effets du changement climatique qui affecte l’agriculture et les ressources en eau, augmentant ainsi les risques sanitaires potentiels.
Face à cette situation, il est devenu crucial d’adopter une approche intégrée, combinant trois axes principaux : l'atténuation, l’adaptation et la préservation de la biodiversité. Ces leviers sont essentiels pour limiter les impacts négatifs du changement climatique, en particulier sur la santé humaine, tout en assurant la pérennité des écosystèmes.
Atténuation : réduire les émissions de gaz à effet de serre
L'atténuation cherche à limiter l’ampleur du changement climatique en réduisant les émissions de gaz à effet de serre (GES). Cela implique, entre autres, la promotion de la sobriété énergétique, de l’efficacité énergétique, le recours aux énergies renouvelables et l’amélioration de la séquestration naturelle du carbone. Ces actions, qui concernent tous les secteurs, participent à limiter la hausse des températures avec des effets bénéfiques de long terme sur la santé humaine mais aussi via des co bénéfices rapides en termes de santé publique. Par exemple, la transition vers des mobilités décarbonées et/ou actives contribue à réduire les émissions de GES mais aussi plus rapidement les pathologies liées à la pollution atmosphérique ; la rénovation énergétique des bâtiments limite la dépense énergétique et réduit en même temps l’exposition des habitants aux fortes chaleurs.
Adaptation : faire face aux effets inévitables
L'adaptation vise à limiter les impacts déjà inévitables du changement climatique sur les écosystèmes, les infrastructures, les activités économiques et la santé. L’adaptation est un enjeu exclusivement local qui concerne tous les secteurs d’activités et les territoires qui gagneront à réinterroger leurs pratiques et la gestion des territoires aux regards des évolutions futures aussi socioéconomique que climatique pour mettre en place les stratégies les plus pertinentes possibles. Les politiques publiques d’adaptation ont pour objectifs d’anticiper les impacts à venir, de limiter leurs dégâts éventuels en intervenant sur les facteurs qui contrôlent leur ampleur (par exemple, l’urbanisation des zones à risques) et de profiter des opportunités potentielles, notamment celles fournies par la nature pour réduire la vulnérabilité des territoires. Les solutions basées sur la nature renforcent contribuent à limiter l’exposition des territoires et offrent des bénéfices directs pour la santé publique (végétalisation pour réduire les ilots de chaleur urbain, agroécologie pour une agriculture plus résiliente et sobre en carbone, etc.) et la préservation de la biodiversité. Il est aussi crucial de prendre en compte les inégalités sociales, car les populations vulnérables sont souvent les plus exposées aux impacts du changement climatique. Des politiques inclusives doivent garantir l’accès aux services de santé et aux infrastructures adaptées. Lau regard de l’évolution de l’intensité des aléas extrêmes les actions d'adaptation doivent également intégrer l’évolution des processus de gestion des crises et de gestion post crise (reconstruction, suivi psychologique etc.). C’est l’ensemble de ces actions qui permettront d’améliorer la résilience du territoire et des activités socioéconomiques, c’est-à-dire d’améliorer leurs capacités à anticiper, à se préparer et à réagir aux impacts du changement climatique. Pour préparer une France à +4 °C en 2100 (selon la trajectoire d’adaptation au changement climatique, la TRACC), le gouvernement a lancé, le troisième plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC 3). Il prévoit un ensemble d’actions concrètes pour adapter notre territoire aux impacts visibles et attendus du changement climatique et notamment un axe 1 qui vise à protéger les populations.
Une vision intégrée pour maximiser les co-bénéfices
Dans un contexte d’évolution rapide du climat, une meilleure prise en compte des interrelations entre climat, écosystèmes, et santé publique est un enjeu fort dans un contexte de transition écologique. Mieux appréhender la complexité des phénomènes c’est aussi anticiper les conséquences en cascades liées à la conjugaison de phénomènes et ainsi mieux évaluer les risques. Atténuation, adaptation, préservation de la biodiversité ne doivent pas être opposées mais au contraire réfléchies conjointement au sein de stratégies territoriales et sectorielles intégrées. Ça permet de favoriser et d’optimiser la mise en œuvre de solutions articulées au sein de stratégies pertinentes sur le long terme qui permettront de valoriser les cobénéfices (environnementaux, sociaux et économiques), minimiser les externalités négatives et ainsi éviter la maladaptation et le renforcement d’inégalités sociales. L’approche « One Health » (une seule santé) qui met l’accent sur l’interconnexion entre la santé humaine, animale et environnementale, représente un levier important de transversalité et transdisciplinarité malgré des défis importants en termes d’opérationnalité.